24 janvier 2024

L'aventure

 

L'aventure

Il a fallu voyager jusqu’à Labelle et s’enfoncer dans le réseau de sentiers du club de ski de fond local pour la trouver.

Elle prenait la forme d’un sentier non-entretenu mécaniquement long de 400 mètres qui commençait là où je m’étais arrêté pour attendre ma blonde et mon p’tit de huit ans.

«Je vais aller à l’aventure par là et on se revoit à l’autre bout», leur ai-je annoncé quand ils sont arrivés comme un petit train dans les sillons tracés par l’engin d’entretien du club.

Je voulais me rallonger pour raccourcir mon prochain moment d’attente. Ça n’avance pas vite un petit qui est encore en train d’apprendre à aimer le ski de fond. Et depuis notre départ, j’avais fait presque autant de pied-de-grue que de ski.

Mais j’avais lâché un mot qui n’était pas tombé dans le vide.

«Papa, je veux partir à l’aventure avec toi», m’a lancé mon p’tit avant que j’aie eu le temps de m’éclipser.

J’avais trouvé l’aventure. On me demandait maintenant la partager.

C’était inattendu. Mon petit ronchonnait depuis qu’on avait pris le départ. Mais on ne dit pas non à un enfant qui veut partir à l’aventure.

On a dit adieu ma blonde. Mon p’tit a sorti ses skis des sillons tracés à la machine. Je l’ai laissé prendre la tête de notre expédition.

J’ai cru que l’aventure allait finir plus vite que prévu quand mon p’tit est tombé tête première dans une descente. Mais non. À l’aventure, au lieu de chialer, on se relève et on continue.

Plus loin, l’aventure nous réservait une autre épreuve: un arbre tombé à travers la piste. Pendant que je sautais par-dessus, mon compagnon d’aventure s’est couché dans la neige et a rampé sous l’obstacle. On ne faisait plus du ski de fond. On luttait pour s’en sortir.

Il nous a fallu un bon quinze minutes pour venir à bout de ma rallonge et rejoindre ma blonde qui attendait ces deux aventuriers. Mais c’est ça l’aventure. On sait quand ça commence, mais pas quand ça finit.

Chose certaine, la nôtre se poursuit depuis ce temps-là.

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