22 décembre 2024

Un accident de ski

Un accident de ski

 

J’aurais tellement préféré le trouver sur ma route en plein bois.

J’avais fait du bon ski ce jor-là dans la montagne de Morin-Heights. En sillonnant des sentiers presque déserts. En montant au sommet par un sentier de randonnée alpine. En faisant des virages dans toutes pentes les propices.

Puis le soleil s’en était allé se faire voir ailleurs et j’avais pris le chemin du retour.

J’étais de bonne humeur. M’était arrêté à Saint-Sauveur acheter des cadeaux de Noël. Avait pris l’autoroute 15 en faisant des plans de ski pour le lendemain.

Lui aussi était sur l’autoroute 15. Juste avant Saint-Jérôme. Dans le terre-plein entre les deux voies.

De loin, j’ai vu la voiture de police et le véhicule de contrôle routier arrêtés à sa hauteur. Les deux faisaient aller leurs gyrophares, mais je n’ai pas capté leur message. Il n’y avait pas d’accidents, pas d’autres chars immobilisés. J’ai continué à rouler à 110 km/h dans la voie de gauche, les yeux rivés sur la voiture de police bizarrement garée de l’autre côté du terre-plein.

Quand je l’ai vu, il était drette là, tout nu, en plein dans ma trajectoire. Un chevreuil assez petit pour disparaître derrière le nez de ma voiture juste avant l’impact.

Je ne l’ai pas revu dans mon rétroviseur, mais j’ai vu des lambeaux de voiture dégouliner sur la chaussée.

J’ai eu le réflexe de couper vers la sortie d’autoroute qui se trouvait juste là. J’ai immobilisé mon char blessé dans un stationnement de centre commercial.

Côté conducteur, il y avait un trou béant là où il y aurait dû avoir une aile, un phare. Sur ma portière, il y avait des giclées de sang.

Le policier du terre-plein m’a retrouvé. M’a raconté que le faon avait déjà été blessé par autre auto de l’autre bord de l’autroute. Qu’il avait essayé de l’approcher pour l’abattre. À quel point ça arrivait souvent.

On a réglé les formalités et j’ai attendu la dépanneuse en ressassant toutes les décisions que j’avais prises depuis le matin pour arriver au mauvais endroit au mauvais moment.

C’était une complainte en si mineur. Si seulement j’avais saisi le message des gyrophares. Si j’étais rentré à n’importe quel autre câlice de moment. Si javais laissé faire les crisses de cadeaux. Si j’avais choisi une autre destination. Si j’étais resté chez nous. Si je n’aimais pas tant le ski.

Ce si-là faisait plus mal que les autres. Si je n’aimais pas tant le ski. C’était triste de penser ça. Mais cette note-là a résonné longtemps en moi. Résonne encore chaque fois que je repasse sur ce bout d’autoroute.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Au mauvais endroit au mauvais moment au moins tu n’es pas blessé.
Passe de belles fêtes avec les tiens.

Barclay a dit...

Merci et joyeux Noël à toi!