30 avril 2022

Trois gars sur la montagne Blanche

Celui qui a donné son nom à la montagne Blanche a frappé dans le mille: au printemps, c'est presque toujours cette montagne-là qui reste blanche la plus longtemps dans les Laurentides. 

On y est allé aujourd'hui en partant du point d'accès au sentier Inter-Centre situé au lac du Rocher. Et nous aussi on a frappé dans le mille parce qu'on a fait de l'excellent ski de toute fin de saison.

Devenu chaotique avec la fonte de la neige et le dégel des ruisseaux, l'Inter-Centre restait quand même skiable dans ce secteur. Ça nous a permis d'atteindre le sentier qui mène au sommet de la montagne Blanche sans déchausser nos skis. 

En grimpant dans la montagne, on a trouvé beaucoup de neige. Molle et agréable là où le soleil plombait, la surface était toutefois «gelée dure» à l'ombre des arbres près du sommet. 

«On» c'était David, Marc-Antoine et moi qui essayait de les suivre avec mes jambes et mon cardio de joueur de balle-molle. Mettons qu'il sont arrivés bien avant moi au sommet de la montagne. 

Notre «camp de lunch» au sommet.

Marc-Antoine m'a dit de prendre la pose...
C'est là qu'on a mangé nos lunchs avant d'aller croquer notre bonbon de la journée: la descente du flanc nord de la montagne Blanche par un ancien chemin forestier et quelques «couloirs secrets» dont on a découvert l'existence au fil des années. 

C'est le soleil qui a dicté notre itinéraire de descente. Là où il avait ramolli la neige, nos skis mordaient et tournaient comme dans de la crème glacée molle. Quel bonheur de faire des virages télémark dans ces conditions-là. 

C'était une de ces journées où j'ai maudit mon manque de forme. Quand on est arrivé au bas du flanc nord, ma tête aurait volontiers remis ça. Mais le reste de mon corps voulait plutôt qu'on prenne le chemin du retour.

Tout ça pour dire qu'on était un peu étonné d'avoir la montagne Blanche pour nous tous seuls aujourd'hui. Tant qu'il y a de la neige, il devrait y avoir des skieurs pour en profiter!  

Marc-Antoine entre deux virages.

David en plein contrôle même si ses deux skis ne pointent pas dans la même direction...
Pour moi c'était journée chapeau de paille et chemise hawaïenne...

J'ai fini la journée avec un bâton arrangé grâce à la scie de David et aux bons soins de Marc-Antoine.

Notre cocktail de fin de saison était un Pimm's Cup à la glace parfumée aux aiguilles de conifères.


23 avril 2022

La montagne Grise au printemps

J'ai commencé à avoir des doutes en traversant Saint-Faustin-du-Lac-Carré. Sous les arbres aux flancs des colline, il n'y avait pas que quelques petits ilots blancs perdus dans un océan de brun et de vert. 

Mieux conservée un peu plus au sud, la neige manquait désespérément à la pelle dans le secteur où on avait choisi d'amener nos skis.

Mes doutes se sont transformés en grosse envie de laisser faire quand j'ai vu le mince ruban de neige gelée recouvrant les premiers mètres du sentier Inter-Centre sur le chemin du Nordet. Mais mon compagnon Marc-Antoine était moins découragé et on a pris le départ en mode «peut-être que ça va s'améliorer dans pas long». 

On a traversé un bûché boueux, marché des grands bouts, sauté des ruisseaux, persisté même si la neige continuait à se faire rare sur le sentier menant au sommet de la montagne Grise. 

C'est l'avantage de skier en duo: quand l'un était prêt à revirer de bord, l'autre lui disait de continuer. 

Voilà ce qu'on avait à se mettre sous les skis au départ.

Dans les premiers kilomètres, je me demandais vraiment où je m'en allais avec avec mes skis.

Quand on a trouvé de la neige, j'ai célébré en prenant ma seule fouille de la journée.
On a su qu'on avait bien fait de s'entêter quand on s'est retrouvé au nord du mont de la Tête Blanche. 

Le paysage a blanchi d'un seul coup. Retranchées à l'abri du soleil, à 500 mètres d'altitude, les dernières forces de l'hiver attendaient nos skis.

Rendu là, il nous restait 260 mètres à grimper pour atteindre le sommet de la montagne Grise. Je suis arrivé en haut complètement vidé. Mais le soleil brillait et redonnait vie à la veille neige en ramollissant sa surface.

Résultat: j'ai fait ma «descente de l'année» en dévalant le flanc nord de la montagne Grise jusqu'au refuge du Nordet. 

Ce bout de piste-là est magique. Sur environ 2,5 kilomètres, on perd environ 200 mètres d'altitude. La descente est divisée en deux sections séparées par une courte remontée. 

Le gars au chapeau est arrivé fourbu au sommet de la montagne Grise.

Marc-Antoine en plein contrôle de ses Rossignols.

Ces traces-là vous donnent une bonne idée des conditions pendant notre descente.
Près du sommet, on est «coincé» dans le sentier qui serpente en terrain abrupt. Mais après, la pente s'adoucit et on tombe dans les feuillus clairsemés où on peut s'écarter du sentier et louvoyer à sa guise. 

C'était extraordinaire aujourd'hui sur la couche de neige crémeuse que le soleil créait sous nos skis. Je me suis rarement senti aussi libre et en contrôle dans une descente sauvage en plein bois. 

Après ce grand moment, on a peiné un brin en redescendant vers le chemin du Nordet par un sentier de raquette qui nous a servi de raccourci. Mais qu'importe puisqu'on avait fait le plein de beaux virages et bonne humeur. 

 Merci Marc-Antoine de m'avoir empêché de laisser faire! 

CLIQUEZ ICI pou voir le secteur sur Openskimap. 

Olé! Marc-Antoine contourne un arbre comme un matador esquive un taureau.
Je ne skie pas souvent avec mon vieux chapeau de paille mais chaque fois c'est mémorable.

13 avril 2022

Pour une dernière fois

 

Pour une dernière fois

On ne sait jamais quand on est en train de skier pour la dernière fois de l’hiver.

Du moins quand on compte parmi ceux qui essaient d’étirer au maximum leur saison de ski. Au pire jusqu’à la fin mars. Au mieux jusqu’à la fin avril.

Mais parfois une saison partie pour continuer prend fin d’un seul coup de théâtre. Coup de chaleur. Coup d’eau qui tombe du ciel. Ou coup de la vie qui nous rappelle qu’il y a des choses plus importantes que le ski.

J’ai skié une fois en me disant que c’était ma dernière fois de l’hiver. Mon beau-père était à l'hôpital à ce moment-là. Les dernières nouvelles n'étaient guère encourageantes. On désespérait de le voir reprendre le dessus, rentrer chez lui sur ses deux jambes.

Moi j’étais dans le bout du refuge de l'Alpage un 10 avril. Sur mes deux jambes. Les pieds dans la neige et la tête dans les nuages noirs qui planaient sur ma belle-famille.

À cause de mon beau-père, la vie et la mort s’apprêtaient à couper court à ma saison de ski. Mais ça ce n’était qu’un côté de la bonne vieille médaille.

L’autre, c’est que je n’aurais jamais été là sans lui.

À la fin des années 70, comme mon père et comme des milliers d'autres pères québécois, mon beau-père s'est mis au ski de fond avec sa jeune famille.

C'était à Danville dans les Cantons de l’Est. La famille fréquentait le défunt centre de ski de fond du mont Scotch Hill.

C'est comme ça que ma blonde a appris à aimer le ski pendant que je faisais pareil avec ma famille sur la Côte-Nord. Dans le bois pas le loin de chez nous, et sur le sentiers du club de ski de fond de la défunte ville d’Hauterive.

Ensuite, on a veilli jusqu’à devenir des jeunes trop cools pour faire du ski fond. On a quitté nos régions pour étudier. On s’est rencontré à Montréal. Puis on est devenu un jeune couple qui s’est mis au ski de fond pour profiter de l’hiver.

Et pour moi le ski s’est transformé en passion d’une vie.

D’où ma présence sur un sentier des Laurentides un 10 avril.

Je me suis retrouvé au chevet de mon beau-père quelques jours après cette randonnée. Son cerveau avait rendu l’âme. On était réuni autour de lui pour assister à sa fin assistée.

Mais avant, on a écouté avec lui quelques-unes de ses chansons préférées.

Pour une dernière fois de Gerry Boulet faisait partie du lot.

J’ai fait du ski une fois avec mon beau-père. C'était sur les sentiers du club de ski de fond de la ville autrefois connu sous le nom d’Asbestos. Ma blonde était là, sa mère aussi. Renaud était tombé dans un petite côte. On avait ri, et on s'était un peu inquiété pour cet homme dont le corps vieillissait plus vite que la moyenne.

Cete fois-là avait été une de ces dernières fois qui se produisent sans qu’on s’en rende compte. Renaud n’a jamais refait de ski et on n’a jamais refait de ski avec lui.

J’avais raté ce jour-là l’occasion de le remercier de m’avoir mis sur la piste de la neige et du ski. Je me suis repris en silence pendant que la voix de Gerry Boulet emplissait une chambre d’hôpital.

Merci Renaud. Tu es tombé une dernière fois. Maintenant c’est nous qui devons nous relever.


Ma descente dans la Descente aux Enfers.

Le refuge La Cordée m'a servi de camp de base.

Depuis ma dernière visite, on a refait les murs à l'intérieur.

03 avril 2022

Malheureux d'un printemps?


Non, je ne suis pas tanné de l'hiver et du ski. 

C'est pour ça qu'aujourd'hui j'ai commencé ma saison de ski de printemps à la station du ski du mont Rigaud. 

J'étais avec mon grand. C'était la dernière journée d'ouverture de la station. On a passé un bel après-midi à glisser agréablement sous un ciel gris.

Le ski de printemps, c'est comme le temps des sucre. Pour qu'on coule sur nos skis, il faut qu'il fasse doux pour que la neige ramollisse. Et pour que la magie opère vraiment, ça prend aussi du soleil. 

C'était l'ingrédient manquant aujourd'hui, mais on a tous le mois d'avril pour faire du meilleur ski de printemps. 

En attendant, fiston a fait un peu de planche à l'eau en suivant quelques skieurs....