21 avril 2019

La neige était sale

J’ai emprunté mon titre à un livre de Simenon parce qu’il décrit bien une partie de la randonnée que j’ai fait aujourd’hui à Forestville sur la Côte-Nord.

Il y a encore beaucoup de neige au sol dans ce coin où il n’a presque pas plu en fin de semaine. J’ai donc profité de mon dimanche de Pâques pour partir à la découverte des sentiers de la Baie Verte, un réseau destiné aux marcheurs et aux raquetteurs où il y a quand même moyen de s’amuser en ski-raquette ou en gros ski nordique.  

Comme on peut le voir sur la carte-ci-bas, les sentiers de la Baie Verte s’étendent en terrain montagneux, à proximité du quai de Forestville.

Aujourd’hui, je suis allé explorer ceux qui se trouvent au nord de la route maritime parce qu’ils me paraissaient les plus intéressants.

En arrivant sur la place, j’ai commencé par découvrir que la route maritime n’était pas complètement déneigée durant l’hiver. J’ai donc commencé ma randonnée en skiant sur cette route où la neige avait été bien damée par les motoneiges.

J’ai ensuite bifurqué sur le sentier Baie-Laval pour me retrouver dans une forêt d’épinettes typiques de la Côte-Nord, à skier sur de la neige sale au possible. 

Ce genre d’épinettes, ça génère beaucoup de débris. Alors au printemps, quand la neige fond, les débris prennent le dessus...

Le sentier Baie-Laval serpente au flanc d’une falaise boisée et j’en ai arraché dans ce bout-là qui est assez peu propice au ski.

Heureusement, la situation s’est radicalement améliorée quand j’ai atteint le sommet de la falaise qui se trouve à une centaine de mètres au-dessus du niveau du Saint-Laurent.

Sur ce plateau exposé au vent du fleuve, les épinettes sont plus rabougries et clairsemées. Alors je me suis mis à faire du meilleur ski sur de la neige pas mal plus blanche.

Même si j’ai passé une bonne partie de ma jeunesse dans le bout de Forestville, je ne connaissais pas du tout cette péninsule montagneuse. 

J’ai été étonné de la vue qu’elle offre sur la baie Laval, l’île Laval et le Saint-Laurent ; et j’ai été étonné de pouvoir y faire quelques virages télémark dans la neige molle même si le dénivelé skiable reste modeste.

Après ça, il ne me restait plus qu’à faire une longue descente pour être totalement satisfait de ma sortie.

Coup de chance : j’ai trouvé exactement ça en reprenant la route maritime.

 
Ce chemin passe par une colline où il y a quelques tours de communication ; et à partir du sommet, j’ai pu faire une belle descente sur de la neige printanière juste assez chauffée au soleil.

J’ai tellement aimé cette descente que je l’ai fait trois plutôt qu’une. Belle façon de terminer ma saison si je ne réussis pas à l’étirer encore dans les semaines qui suivent. 

17 avril 2019

Sur les crêtes de Tremblant

C’est l’histoire d’un plan presque sans faille. 

Ce plan-là était simple : passer la journée à Tremblant et profiter de la neige tombée là-bas plutôt cette semaine pour faire ma première visite au pic Johannsen, le plus haut sommet du massif de Tremblant et le point le plus élevé des Laurentides.

Après ma première remontée mécanique de la journée, j’ai donc mis le cap sur le sentier des Sommets.

Comme son nom l’indique, ce sentier relie les quatre plus hauts sommets du massif de Tremblant : les pics White, Edge, Pagman et Johannsen.

Bien sûr, la façon «virile» de skier cette piste est de commencer par monter par soi-même la montagne ; mais avec la chaleur qu’il faisait aujourd’hui, j’étais bien content de commencer randonnée à 875 mètres d’altitude au sommet du pic White, le sommet principal de Tremblant.

À partir de là, pour trouver l’entrée du sentier Les Sommets, il faut descendre un bout sur la piste de ski alpin La Crête puis prendre à droite sur une bretelle sans nom qui mène à la piste Bon Vivant. L’entrée de la piste se trouve dans cette bretelle et est signalée par une pancarte.

C’est là que je suis entré dans le bois… et que j’ai découvert une  faille dans mon plan. Oui, il y avait de la belle neige au sol, mais il y avait aussi pas mal de verglas dans les arbres. Du verglas qui fondait à vue d’œil sous le soleil.

Résultat : il «pleuvait» carrément presque partout sur le sentier et je me suis retrouvé complètement trempé avant d’arriver au pic Edge, qui lui culmine à 840 mètres d’altitude. 

Le sentier Les Sommets reprend juste à côté du point d’arrivée de la remontée mécanique du versant Edge.

À partir de là, on a droit à une bonne petite descente sinueuse ; puis on se met à grimper sur une crête en direction du pic Pangman qui se trouve à 2,3 km au nord.

Même s’il est tortueux et fréquenté par les raquetteurs, ce tronçon-là très agréable à skier sur mes gros skis Kom à écailles. Le sentier est étroit et sinueux, mais il ne présente pas de difficultés majeures ; et on traverse un décor montagnard, visiblement battu par le vent, riches en lames de neige et en gros arbres morts.

Le pic Pagman atteint 903 mètres d’altitude. On y trouve une pancarte qui nous renseigne sur Harry Pagman, le skieur qui a donné son nom à ce sommet, ainsi qu’une très belle vue en direction est.

Rendu là, on est plus qu’à un kilomètre du pic Johannsen ; mais comme on skie sur une crête menant au plus haut sommet des Laurentides, le paysage est spectaculaire et le terrain est accidenté.

La dernière montée jusqu’au sommet du pic Johannsen est particulièrement attrayante. Elle débouche sur une clairière qui occupe le sommet de la montagne.

Contrairement à ce que je croyais, il y a aussi un point de vue au sommet du pic Johannsen.

Depuis la clairière, un court sentier mène à un vertigineux belvédère naturel où on réalise qu’on est sur le toit des Laurentides, à 930 mètres d’altitude.

Je me suis bien amusé en redescendant le pic Johannsen. À droite du sentier Les Sommets, il y a un sous-bois naturel où on peut faire quelques virages.

J’ai terminé ma randonnée en faisant une descente de rêve sur le versant Edge où j’étais totalement seul et où personne n’avait skié depuis la dernière chute de neige, car ce secteur de la station de ski alpin est fermé en semaine en cette période de l’année.

Cette excursion d’à peu près 10 km a mangé une bonne partie de ma journée ; mais j’ai quand même eu le temps de faire un peu de ski de printemps dans les pistes du versant nord de Tremblant.

La neige était molle, le ski était facile et j’en ai profité pour faire ma première descente à vie dans la piste CBC, une «double noire» où je n’avais jamais osé m’aventurer.

C’est un étroit couloir que j’ai trouvé sensationnel dans sa version printanière. Les bosses creusées par le passage des skieurs étaient parfois impressionnantes, mais leur mollesse a rendu l’expérience agréable.

J'ai déjà hâte d'y retourner l'an prochain... 
 
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10 avril 2019

La bergerie des skieurs

La région des Laurentides vient-elle de recevoir sa dernière bordée de neige de l’hiver ?

Si c’est le cas, j’en ai bien profité en faisant une agréable randonnée dans mon coin favori des Laurentides : la bergerie du Mouton Noir, le «fief» de Pierre Gougoux à Sainte-Agathe.

Passionné de plein air, cet ancien prof possède une terre où passe plusieurs sentiers du club de plein air de Sainte-Agathe et a transformé les montagnes derrière chez lui en un terrain de jeu pour skieurs et raquetteurs situé au beau milieu du réseau du club de plein air de Sainte-Agathe.
 
Encore mieux : les jours de semaine, les Gougoux permettent aux randonneurs de se garer chez eux et de chausser les skis dans leur cour. 

C’est ce que j’ai fait aujourd’hui… et je me suis vite retrouvé en montagne et dans un décor étonnamment hivernal. Quelques centimètres de nouvelle neige crémeuse sur une croûte solide comme le roc, ça donne des conditions de glisse très agréables même si ça «collait» pas mal dans les montées.

Comme d’habitude, j’ai grimpé dans la montagne par le sentier Bergerie. J’avais un plan : laisser mon sac et mon lunch au refuge La Cordée et «rayonner» à partir de là. 

C’est un plan que je recommande à ceux qui veulent faire du bon ski nordique en tournant en rond plutôt qu’en s’enfonçant loin en forêt. 

L’attraction principale du secteur est la fameuse «descente aux enfers» qui se troæuve juste derrière le refuge La Cordée. C’est une longue descente dans une érablière où on peut rester dans un couloir dégagé juste assez large ou s’improviser un trajet en louvoyant entre les arbres.

On a l’impression de dévaler un sous-bois de centre de ski alpin quand on se lance dans cette pente ; et quel bonheur d’y faire les premières traces après une chute de neige.

C’est ce que j’ai fait trois fois plutôt qu’une aujourd’hui, en remontant chaque fois par le sentier Bergerie où la remontée est moins directe et plus facile. 

Tout près du refuge La Cordée, on trouve aussi quelques courtes pistes de ski peu fréquentées : La Marmotte, La Chèvre, La Loutre, etc. 

On peut s’amuser une bonne heure à explorer le dédale qu’elles forment dans un joli coin de forêt légèrement accidenté. Difficile de trouver mieux pour initier un enfant au ski nordique.

Pour faire du ski plus corsé, je vous suggère de pousser plus loin en forêt en vous concentrant sur la piste Gillespie. 

En filant vers l’est, cette piste historique monte une colline puis nous offre une hallucinante descente sinueuse sur son versant est. 

Aujourd’hui, j’ai eu la chance de la trouver complètement vierge plutôt qu’usée par le passage des skieurs. J’en ai profité pour la descendre d’un trait à haute vitesse pour la première fois. 
 
Il y a une autre descente dans le même genre sur la Gillespie en direction ouest, entre le carrefour de l’Alpage et la piste Le Chemin du Tracteur. Celle-là est plus courte, mais tout aussi sinueuse. Plaisir garanti quand la neige est bonne.

Mon seul regret de la journée : avoir fait une sortie solitaire dans un coin qui se prête merveilleusement à une excursion familiale. Ce sera pour une éventuelle journée pédagogique…  
 

06 avril 2019

La montagne Noire et son refuge


Juste avant que l’hiver tire sa révérence, j’ai réalisé aujourd’hui un des objectifs de début de la saison : visiter le refuge Le Mésangeai, presque au sommet de la montagne Noire.

«Presque» parce que le refuge est situé un peu en retrait du sommet, sur un plateau qui est toutefois extraordinairement montagnard. J’ai rarement eu autant l’impression de me retrouver en haute altitude.

Pour arriver là en partant du stationnement du sentier Inter-Centre, sur le chemin Régimbald, il faut parcourir environ cinq kilomètres et monter à peu près 400 mètres.

C’est une ascension que j’ai trouvé éprouvante aujourd’hui, alors qu’il faisait quelques degrés au-dessus de zéro et que je trimballais un rhume.

Par contre, aucun problème avec la couverture de neige en ce début d’avril, comme le prouve ces photos prises par mon compagnon de randonnée Bris7…

La montée vers le refuge devient spectaculaire quand on émerge de la forêt et qu’on se retrouve sur un chemin plus large flanquée de conifères et de bouleaux éprouvés par le vent.

Je ne connais pas bien l’histoire de la montagne Noire, mais on dirait que ce secteur a été «bûché» il y a déjà un moment.

Résultat : le regard porte loin et le paysage a quelque chose de post-apocalyptique. Et quand on aperçoit la silhouette du Mésangeai, on a vraiment l’impression d’arriver dans un refuge en haute montagne.

Pendant notre halte au Mésangeai, on s’est fait un nouvel ami skieur, Benoit, qui a décidé de redescendre la montagne avec nous.

Je ne crois pas qu’il l’ait regretté. Grâce à Bris7, qui connaît bien le secteur, on a fait une descente mémorable dans un «couloir secret» qui m’a fait vivre une de mes plus belles expériences de télémark sauvage en carrière.

Sur le terrain, rien n’indique que le début de cette superbe descente se trouve tout près du refuge. Pour la trouver, il faut skier vers l’est en partant du refuge ; et au bout de quelques dizaines de mètres, on se retrouve devant ça…

Juste assez large et pentu, ce couloir m’a enchanté. On a de l’espace pour manœuvrer, on voit bien où il faut aller et on risque moins de se jeter contre un arbre que dans un sous-bois.

Même si la neige était printanière, on s’est beaucoup amusé là-dedans ; et comme d’habitude, c’est Bris7 qui a été le plus spectaculaire avec son cigare à la bouche.


Plus bas, le couloir nous largue dans un sous-bois pas trop difficile à naviguer qui nous amène au sentier de raquette Le Mésangeai si on garde la gauche en descendant.  

J’étais euphorique en arrivant là… et mon guide en a profité pour me proposer de remonter la montagne pour aller faire une autre descente à travers bois du côté du lac Lézard.

J’ai dit oui… mais c’était trop pour mes vieilles jambes et je suis devenu un boulet dans la montée et la descente. Tsé quand tu commences à avoir des crampes avant de sortir du bois…

Sur la carte-ci-bas, les deux zones de descentes à travers bois qu'on a dévalées aujourd'hui sont bien signalées par des pointillés. Elle date de quelques années, mais elle représente bien le potentiel du secteur. 
 
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