24 janvier 2023

Voyage au bout de la Loken

Je n'ai pas croisé le fantôme de Mike Loken en arpentant sa piste de ski quelques jours après son décès à l'âge de 98 ans. Mais j'ai croisé sa tuque... 

J'étais là pour skier sur les traces de cet homme qui a marqué l'histoire du ski dans les Laurentides en défrichant le célèbre sentier qui porte son nom à partir de son chalet à Sainte-Anne-des-Lacs.

De son côté, sa tuque aux couleurs de la Norvège se promenait sur la tête de sa fille Kristina que j'ai eu la chance de croiser pendant ma randonnée.

À son apogée, la Loken formait une vaste boucle, entre Sainte-Anne-des-Lacs et Saint-Sauveur. Dans les dernières années, par contre, le développement immobilier et des histoires de droit de passage l'ont amputée et morcelée de façon irrémédiable. 

La piste a quand même une porte d'entrée officielle qui se trouve derrière l'hôtel de ville de Sainte-Anne-des-Lacs. C'est là où j'ai commencé ma randonnée, à côté d'une grande carte du tronçon de trois kilomètres de la Loken encore officiellement accessible. 
 
Ce point de départ a un cachet historique: Kristina m'a raconté que dans le bon vieux temps où les petits chemins n'étaient pas déneigés, les Loken laissaient là leur voiture avant de rallier leur chalet sur leurs jambes et leurs skis.

La porte d'entrée de la Loken à l'hôtel de ville de Sainte-Anne-des-Lacs.
En gros skis, c'est agréable de skier dans ce genre de trace.
De nos jours, le tronçon officiellement accessible de la Loken est un sentier partagé.  C'est donc sur une piste bien tapée par des raquetteurs que j'ai commencé ma randonnée. 
 
Peu importe: la glisse était géniale et j'ai d'abord traversé un joli coin boisé... pour ensuite me retrouver sur une rue. 

À partir de là, c'est la galère pour environ un kilomètre: il faut marcher 500 mètres sur la rue, remettre les skis pour une centaine de mètres, puis marcher un autre 200 mètres avant de reprendre le bois pour de bon. 
 
Ensuite, on fait du très beau ski sur un peu plus d'un kilomètre alors que la Loken descend au fond d'une vallée où coule un ruisseau tout en contournant le lac Rochon. 

Le tronçon officiellement accessible se termine en formant un rond point. Et il faut vraiment faire demi-tour puisqu'un propriétaire a érigé sur la piste une rutilante barrière qui nous interdit l'accès son terrain. 

Une belle section de la Loken.
Un ruisseau que j'ai trouvé difficile à traverser.

Encore une jolie section de la Loken

Sur mon chemin du retour, j'ai rencontré Kristina et la tuque de son père. Elles arrivaient de chercher une façon de rejoindre ce qui reste de la Loken au-delà de la propriété défendue par la rutilante barrière. On a parlé de son père. On a parlé de ski. On a évoqué l'avenir incertain des reste de la Loken. Puis elle a continué son chemin vers la maison de son père sur le lac Cupidon. 
 
Le norvégien Mikarl Loken est arrivé au Canada en 1953. C'était un comptable, mais aussi un grand amateur de ski de fond. Il a acheté un chalet à Sainte-Anne-des-Lacs en 1958 et aussitôt commencé à défricher son sentier qu'il a entretenu lui-même bien au-delà de ses 80 ans. 

Selon sa fille, il a vécu presque 100 ans parce qu'il était bon là-dedans, vivre. 
 
Difficile d'imaginer plus beau compliment. 
 
Kristina Loken, la tuque de son père et un «merci» en norvégien accroché sur une balise par un gentil skieur.

Salut et merci, monsieur Loken.

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4 commentaires:

Anonyme a dit...

Monsieur Fortin c'est toujours un plaisir de vous lire

Barclay a dit...

Merci!

BF

Brigitte L'Heureux a dit...

Adorable façon de souligner la contribution de cet amoureux du ski, et triste de voir que les propriétaires trouvent que les skieurs sont dérangeants...

Barclay a dit...

Très gentil Brigitte!

BF