27 mars 2020

En pensant à Jackrabbit

Au point où on en est, et avec les conséquences économiques dramatiques de cette crise, je me suis mis à penser à la vie de Jackrabbit Johannsen.

Jackrabbit avait 55 ans quand le ciel, ou plutôt l’économie, lui est tombé sur la tête. On était en 1930. C’était la Grande Dépression. Du jour au lendemain, l’homme d’affaires qu’il était s’est retrouvé avec plus aucune affaires à faire.   

L’homme et sa famille habitaient à Montréal à ce moment-là. Pour eux, comme pour bien du monde, la descente s’est passée très vite. Ils ont brûlé leurs économies. Ils ont été forcés de déménager dans un plus petit appartement. Et puis en novembre 1931, toujours aussi à court d’argent, ils ont reçu un avis d’éviction qui leur a sûrement fait l’effet d’un coup de masse. On parle d’une famille qui, à peine quelques années plus tôt, habitait au luxueux Lake Placid Club dans les Adirondacks.

Dans sa biographie de son père, Alice Johannsen raconte un moment où Jackrabbit s’est adressé à sa famille qui venait de se faire couper le gaz et l’électricité. Je vous traduis ça comme je peux… 

«D’une certaine façon, la vie c’est comme un voyage en canot. Il ne fait pas toujours beau. Mais quand il fait mauvais, le soleil finit toujours par revenir. Au moins, on peut compter les uns sur les autres. On est en santé. Et à nous cinq, on forme une bonne équipe.» 

Puis plus loin… 

«Ce soir, faisons semblant qu’on est parti en expédition en canot. On va se faire un souper de campeurs : des craquelins de seigle avec du fromage et des raisins. Ça demande pas de cuisson et c’est toujours bon. Ensuite, on va se coucher et faire nos prières. Et demain matin, le soleil va briller.» 

Allez savoir si Jackrabbit a vraiment été aussi poétique. En tant que père dans la cinquantaine, je le soupçonne surtout d’avoir démontré plus de confiance qu’il en ressentait en réalité.

Chez moi, j’ai toujours été «l’inquiet-en-chef». Je dois à mon fils de faire mieux. Mais ce n’est pas facile…

Alors je pense à Jackrabbit qui, après avoir tout perdu, a déménagé dans les Laurentides et s’est rebâti une vie autour du ski. Il n’a plus jamais été prospère après ça; mais il est devenu un monument et il a vécu jusqu’à l’âge de 111 ans! 

Il y a une leçon là-dedans. 

3 commentaires:

Martin et Guylaine a dit...

Salut Barclay, dure pour la vie de skieur cette pandémie, mais il y a matière à réflexion dans tout ça,(surtout que nous avons le temps!). Peut-être serons nous plus local et pour le ski hors-piste développeront les réseaux qui nous entourent.
Il va y avoir le monde d'avant et le monde d'après, l'histoire nous le dira!
Bonne journée!
Martin et Guylaine.

Barclay a dit...

Salut Martin et Guylaine,

Je fais toujours attention aux prédictions à propos du monde. Le monde change, oui... mais jamais comme on pense. Et il y a des choses qui ne changent pas comme la nature humaine. Mais pour rester sur le sujet du ski, j'aime bien la possibilité que vous évoquez. Revenir au ski de fond des années 30, où on se promenait dans l'arrière-pays dans des sentiers tracés à pas de ski.

BF

Anonyme a dit...

A écouter Jean Désy à partir de 3:24 : https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/plus-on-est-de-fous-plus-on-lit/segments/entrevue/162153/poesie-sante-liberte-creation-nature , tout ca pour dire qu'aujourd'hui deux agents de ''conservation'' en ski-doo m'ont évincer du parc de la gatineau parce que je faisais du ski de fond solo ... les conditions étaient excellente jusqu'au moment de les rencontrer . Je ne comprend pas qu'on interdise au gens de prendre l'air en solo . Fa que j'ai été me taper du vélo de rte avec le risque que je prenais à chaque respiration en dépassant d'autre cycliste à deux mètres de distanciation et ils étaient nbreux vu que le bois est fermé .