02 mars 2019

Sur les traces de Mustafa...


 

Sur les traces de Mustafa
 
Qui était donc le mystérieux Mustafa qui a donné son nom à une piste de ski et à une montagne dans l’arrière-pays de Val-Morin ?

Bon, d’accord, il n’y a sans doute jamais eu de Mustafa. Mais moi j’aime imaginer qu’il y a eu un Mustafa, que c’était un jeune Turc qui rêvait de voir de la neige et qu’un paquebot l’a amené au Canada dans les années 30.

C’est tout ce que je savais sur «mon» Mustafa quand je suis parti explorer sa piste de ski et sa montagne tôt ce matin. Mais ma randonnée m’a permis d’en découvrir plus long sur le personnage...

Partant de l’accueil Far Hills du parc régional Val-David-Val-Morin, la Mustafa est d’abord une piste entretenue qui passe près de l’auberge Far Hills.

À l’abandon depuis longtemps, l’auberge est dans un triste état… mais c’est clairement pour y travailler comme garçon d’étage que Mustafa a pris le train pour le nord, quelques jours après son débarquement à Montréal.

Plus loin, à l'ombre d'un énorme rocher, la Mustafa devient une piste de ski nordique qui traverse une colline surplombant le lac Bélair avant de nous mener au pied du mont Mustafa et près d'une vieille carte des sentiers de ski de l’auberge Far Hills.

J’avais deux objectifs en arrivant à cette montagne : monter au sommet et en faire le tour en suivant la Mustafa qui l’encercle tel un lasso. 

J’ai commencé par cette boucle qui m’a un peu laissé sur ma faim. Personne n’était passé avant moi au nord de la montagne et c’était agréable de skier dans la neige vierge.

Par contre, de ce côté, le trajet du sentier est un brin chaotique, notamment parce qu’il nous fait descendre le long du chemin du lac Lasalle.

Mais le vrai problème, c’est que j’ai choisi de faire la boucle dans le sens horaire. Je pense qu’on profite mieux du relief en tournant dans l’autre sens. 

J’ai réalisé ça en tombant sur cette vieille pancarte au sommet d’une montée.

Mon verdict d’expert : il s’agit d’un portrait de Mustafa qui, en vieillissant dans les Laurentides, est devenu un fameux skieur avec un penchant pour les descentes. 

C’est à ça que je pensais quand j’ai pris le sentier qui grimpe au sommet du mont Mustafa.  

Cette courte virée montagnarde a été le meilleur moment de la journée. L’ascension est courte et facile, mais on n’est quand même récompensé par une méchante belle vue en arrivant au sommet.

D'après mes observations, cette corniche qui surplombe un précipice est l’endroit où Mustasfa est entré dans la légende.

À ce moment-là, le jeune garçon d’étage était devenu un exotique moniteur de ski. Et un soir de tempête, quelques maris en vacances à l’auberge ont découvert que les leçons qu’ils donnaient à leurs épouses ne se passaient pas seulement sur la neige.

Des coups des poing ont été lancés, des fusils ont été brandis et Mustafa a pris la fuite en ski… Mais les maris armés ont fini par le coincer au sommet de la montagne qui porte maintenant son nom.

Alors Mustafa s’en est remis à ses skis et s’est élancé au bout de la corniche. La chute aurait dû être mortel, mais on n’a pas retrouvé son corps au pied du précipice. Blessé, à moitié assommé, Mustafa est mort plus tard cette nuit-là, perdu dans la tempête qui recouvrait les sillons de ses skis. Et ensuite les loups…  

Du moins c’est l’histoire qu’on raconte pour expliquer qu’on ne l’ait jamais revu mort ou vif…

4 commentaires:

Anonyme a dit...

La vraie légende raconte aussi qu'il s'était sauvé très rapidement en direction de Tremblant . Tellement rapidement qu'on nomma une course en son nom ( de famille ) la kandahar, déformation de Mustapha Khaznadar , https://fr.wikipedia.org/wiki/Mustapha_Khaznadar .

boulduc a dit...

Le Kandahar vient du nom d'un général britannique Sir Roberts of Kandahar qui occupa au 19e siècle Kandahar (Afghanistan) et devint vice-président du Public School Alpine Sports Club.

En hommage à Sir Roberts of Kandahar, Henry Lunn, agent de voyage, organise en 1911 le Challenge Roberts of Kandahar à Montana, une épreuve en ligne partant du plateau de la Plaine Morte et connue comme une des premières épreuves de descente de l'histoire du ski alpin.

En 1928, Arnold Lunn s'associe avec Hannes Schneider, le skieur autrichien le plus célèbre de l'époque, pour organiser une nouvelle compétition alpine : celui-ci étant originaire de l'Arlberg, et Lunn tenant à conserver le nom de son club, ils la baptisent Arlberg-Kandahar, aussi connue sous l'acronyme A-K ; celle-ci combine descente et slalom.

Le premier AK est disputé en mars 1928 à Sankt Anton. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, l'A-K alterne entre Sankt Anton et Mürren. Chamonix est devenu une étape depuis 1948.

Barclay a dit...

Très intéressant cette histoire! Merci boulduc!

Anonyme a dit...

What a great story - just discovered your blog and enjoying the commentary - merci!