26 avril 2025

Nulle part au Mexique

Nulle part au Mexique


On est arrivé au Mexique par le chemin du Nordet.

On a abandonné notre voiture avec celles des autres, sorti nos skis, marché dans la boue brune d’un ancien chemin forestier.

La bande nous attendait pas loin, là où il y avait encore un peu de neige dans le chemin. Son chef a salué la nouvelle recrue que je lui amenais. Mon fils de 17 ans qui joignait notre bande de desperados.

Cette bande-là se forme tous les mois d’avril quand le printemps envahit les Laurentides et que les autres skieurs locaux rendent les armes.

Les desperados, eux, résistent, gagnent une journée de ski, puis un autre, puis une autre encore, en courant les coins où l’ennemi n’a pas encore liquidé toute la neige.

Puis vient le jour où les forces du printemps nous poussent dans notre dernier retranchement, quelque part sur le flanc nord d’une montagne encore un peu blanche.

Peu importe la date, c’est notre Cinco de Mayo. Qu’on fête en chemise fleuris et en chapeau de paille, mais avec nos skis en guise de sandales.

Sous un soleil du Mexique, notre chef avait allumé un feu de camp d’où on est parti en suivant un ruisseau transformé en Rio Grande par le printemps

La neige était rare, le terrain hostile. Il fallait enjamber des arbres, esquinter nos skis, braver l’eau du ruisseau.

On gagnait de l’altitude, mais c’était aussi la débandade. On s’est dispersé. On s’est perdu de vue. Puis on s’est retrouvé près du sommet où la neige s'accrochait au paysage.

On a trouvé une bonne descente, dégainé nos appareils photos. Tout le monde a regardé tout le monde faire des virages et prendre des plonges. C’était la fiesta sur la montagne.

On est rentré camp en fin de journée, fatigués, affamés, assoifés. Des tacos ont cuit sur le feu. Des bières et des Pisco sour ont atterri dans des mains. Une pinata en a mangé une. C’était la fiesta au bas de la montagne.

Et c’est comme ça qu’on a dit adios à la neige et au ski. Parce que toute bonne chose à une fin, et que toute bonne fin est une fête.

20 avril 2025

La fois où j'ai pété mes lunettes


Ma dernière sortie en station alpine de la saison m'a coûté une monture de lunettes. 

C'était à Vallée Bleue. J'ai coincé un carres dans la neige et tombé tombé tête première. Mes lunettes ont subi une double fracture, mais leurs lentilles s'en sont tirées saines et sauves. 

J'ai fait quelques descentes sans lunettes et dans le flou après ça. Et une réparation à coup de ruban gommé m'a ensuite permis de rentrer à la maison en voyant d'un oeil où j'allais. 

Esr-ce que sa fait de moi un membre honoraire de la fratrie des frères Hanson?

18 avril 2025

Un mouton noir sur la montagne Noire

J'ai fait un mouton noir de moi-même aujourd'hui et je le regrette un peu. 

J'ai pris le sentier Intercentre à partir du stationnement du lac Durocher, entre la montagne Blanche et la montagne Noire. Puis j'ai suivi des traces de skieurs jusqu'à la fourche où on peut aller vers la Blanche ou la Noire.

Toutes les traces de ski allaient vers la Blanche... mais moi j'ai décidé de m'en tenir à mon plan et d'aller vers la Noire en solitaire. 

Résultat: je me suis senti bien seul sur ma montagne après que le soleil du matin m'eut faussé compagnie. 

Le ski de printemps pas de soleil, ça manque de magie. Le ciel était gris. La vieille neige ne ramollissait guère même si le mercure était bien au-dessus de zéro. J'avais une montagne pour moi tout seul, mais je l'ai grimpé en me disant que j'aurais peut-être dû suivre le troupeau pour éviter de me retrouver seul dans la grisaille.

J'étais rendu à 750 mètres d'altitude quand j'ai rebroussé chemin pour faire un longue descente ans presque 200 mètres dénivelé.

Les conditions ressemblaient à ça sur le sentier Intercentre.

C'est fou comme il y a encore de la neige dans les Laurentides.

Le mouton noir était prêt à rentrer au bercail après ça, sous une pluie fine qui ajoutait à la grisaille ambiante... puis il est tombé sur trois skieurs qui ont éclairé sa fin de journée. 

Denis, Chantal et nul autre que Roger Fillion revenait de la montagne Blanche. Roger compte parmi les meilleurs profs de télémark dans nos parages et il a fondé en 2010 la page Facebook Ski de fond/Back Country Laurentides, un des repaires virtuels d'une communauté à laquelle je suis bien content d'appartenir.

On a jasé, fait un bout de chemin ensemble, et Roger m'a parlé d'un «spot secret» à Mascouche que je vais sûrement aller voir l'hiver prochain.  

Morale de l'histoire: fin avril, même un skieur solitaire comme moi a besoin de croiser du monde pour se convaincre qu'il n'est pas complètement fou de continuer à courir la neige dans le bois! 

CLIQUEZ ICI pour voir le secteur sur Openskimap. 

Vraiment content d'avoir croisé Roger Fillion dans son habitat naturel!

13 avril 2025

En cavale au Mont Ferréol


Mon incursion sur le mont Ferréol a pris forme dans ma tête de skieur quand j'ai vu sur Openskimap le sentier qui grimpe dans cette montagne située au nord du centre de ski de fond du mont Sainte-Anne. 

J'étais dans un chalet situé tout près du centre de ski de fond. Le centre de ski de fond était fermé pour la saison. Je me suis dit que je pourrais peut-être «piraté» les pistes du centre pour rallier ce «sentier mystère» dans l'espoir d'avour du fun dedans sur mes gros skis Kom à écailles.

J'ai chaussé mes skis devant le chalet, pris le bois par un sentier informel, puis suivi une piste de vélo gelée raide jusqu'à déboucher sur une piste de ski de fond abandonnée au dégel du printemps. 

C'était la première fois que je skiais dans un centre de ski de fond fermé pour la saison. J'imagine qu'officiellement je n'avais pas d'affaires là, mais j'ai bien aimé l'ambiance «village fantôme». Je n'ai croisé que trois adeptes du pas de patin qui eux aussi profitaient des pistes désertes. 

Une des pistes de ski de fond que j'ai piratée.

La glisse est bonne dans ce genre de vieille neige ramollie par le soleil. 

Il m'a fallu à peu près une heure pour arriver au pied de mon «sentier mystère» du côté est de la montagne. Et j'ai découvert en arrivant là que j'avais affaire à une large piste de vélo de montagne appelée La Pénélope.

Large et bien nivelée, cette piste est bien plus propice que j'avais osé imaginer. 

Je l'ai grimpée sans difficulté jusqu'à son point culminant qui se trouve à environ 550 mètres d'altitude et environ 250 mètres plus haut que mon point de départ. 

J'ai fait une de mes belles descentes sauvages de la saison en repartant par où j'étais venu. 

Les 130 mètres de dénivelé que j'avais gagné par le sentier Pénélope ont passé vite même si j'ai essayé de les étirer au maximum en piquant parfois à travers bois et en faisant quelques petites remontées pour faire durer le plaisir. 

Un skieur avec des skis pas mal moins larges que les miens m'avaient précédé sur la Pénélope.
Le fleuve Saint-Laurent et un petit bout de l'île d'Orléans vus du mont Ferréol

Je le répète: j'imagine qu'officiellement je n'avais pas d'affaires-là.

Mais c'est le genre d'aventure qu'on peut tenter au printemps, quand il y a encore beaucoup de neige dans le bois et presque plus personne qui se promène.

Le printemps, pour les mordus de ski, ça ressemble à un film post-apocalyptique. 

On se retrouve seul dans le bois et les ruines de l'hiver, prêts à tout pour échapper au mal printanier qui a transformé la plupart de nos semblables en «zombies qui n'ont plus la tête au ski».

Y compris s'aventurer là où on n'a pas d'affaires-là!

J'ai eu beaucoup de plaisir à descendre le sentier Pénélope...

Et j'ai eu aussi du plaisir en coupant à travers bois!

12 avril 2025

J'ai laissé mes jambes au mont Sainte-Anne


Toute une journée de ski de printemps, ça rentre dans le corps et ça use les jambes. Surtout quand on fait ça au mont Sainte-Anne, une station de ski alpin où les pentes sont longues et souvent abruptes. 

Dommage que la saison achève, je suis sur une lancée côté télémark. J'attaque davantage la pente au lieu de «skier défensif» en gardant le corps vers l'arrière, et ça m'aide beaucoup à faire mordre les carres intérieures de mes skis. 

C'était ma deuxième visite à vie au mont Sainte-Anne et on j'en ai eu pour le 145$ que m'a coûté mon billet. J'ai été impressionné par le fleuve Saint-Laurent en contrebas de la montagne... et aussi par la horde d'acrobates à ski qui voltigeaient sur les obstacles du parc à neige située sous la remontée La Tortue.