L'aventure
La première fois qu’on l’a trouvée, elle se cachait dans les profondeurs du club de ski de fond de Labelle.
Elle avait la forme d’un sentier tracé à pas de ski qui commençait là où je m’étais arrêté pour attendre ma blonde et mon petit.
«Je vais aller à l’aventure par là», leur ai-je annoncé quand ils sont arrivés comme un petit train sur les rails de la piste tracée à la machine qu’on suivait depuis notre départ.
Je voulais me rallonger pour raccourcir mon prochain moment d’attente. Mais j’avais lâché un mot qui n’était pas tombé dans le vide.
«Papa, je veux partir à l’aventure avec toi.»
C’était inattendu. Mon petit ronchonnait depuis qu’on avait pris le départ. Mais on ne dit pas non à un enfant qui veut partir à l’aventure.
On a dit adieu ma blonde. Le petit a sorti ses skis des rails. Je l’ai laissé prendre la tête de notre expédition.
Ma rallonge nous a vite mené dans une petite descente où mon ouvreur de piste est tombé tête première. J’ai cru que notre aventure venait de finir là… mais non. À l’aventure, au lieu de chialer, on s’arrache à la neige et on se remet en route.
Plus loin, l’aventure a jeté devant nous un arbre tombé à travers la piste. Pendant que je sautais par-dessus, mon compagnon rampait sous l’obstacle. On ne faisait plus du ski de fond. On luttait pour s’en sortir.
Il nous a fallu un gros quinze minutes pour venir à bout des 400 mètres de ma rallonge. Et presque aussi longtemps pour raconter à ma blonde tout ce qui nous était arrivé.
C’est ça l’aventure. On ne sait jamais quand ça commence, et encore moins quand ça finit.
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