09 avril 2023

L'écume du printemps

La piste abandonnée où j'ai fait mes deux meilleures descentes de la journée.

L’idée c’était de trouver de la neige exposée au soleil.

Voilà pourquoi j’ai commencé cette randonnée sur le terrain de golf du mont Gabriel.

Le soleil brillait de tous ces feux dans un ciel bleu d’un bord à l’autre. Le golf ressemblait à un glacier format poche.

Dans les jours précédents, la neige avait neigé sur les Laurentides. Puis la pluie était tombée. Puis le froid avait transformée la neige mouillée par la pluie en banquise blindée impraticable en ski.

Dans ces cas-là, il faut s’en remettre au soleil. Et j’ai senti en mettant les skis sur le terrain de golf que j’avais bien fait de me fier à lui.

Il était à peu près midi. Il faisait quelques degrés au-dessus de zéro. Le soleil avait déjà ramolli la surface du glacier. Mes skis mordaient bien là où ils m’auraient eu aucun prise quelques heures auparavant.

Pourtant, personne n’avait eu la même idée que moi. J’étais un aventurier solitaire dans l’immensité d’un golf.

J'aurais été très content de passer l'après-midi à errer au gré du terrai. Mais j'ai trouvé un sentier, découvert que le soleil attendrissait aussi la neige sous des feuillus clairsemés. Alors j’ai tenté un coup audacieux: courir les «pentes perdues» du mont Gabriel.

Dans le bon vieux temps, cette station de ski alpin était plus plus vaste qu’aujourd’hui.

Les deux pistes abandonnées sur la colline au nord de son chalet d’accueil sont les vestiges les plus visibles de cette époque; mais il y avait aussi des pistes et une remontée de l’autre côté de cette colline.

C’est sur cette «face cachée» que je suis allé tenter ma chance.

Là aussi la neige, la pluie et le froid avaient fait leur oeuvre. Les pistes abandonnées étaient devenues des patinoires parfaitement surfacées que le soleil avait juste assez ramollies à mon arrivée.

Je descendais sur une mince couche d'écume crée par le soleil. Je remontais sans problème sur mes skis à écailles. J'en ai profité jusqu’à ce que mes jambes baissent les bras après quelques remontées.

Le ski est un sport d’hiver qui devient une science au printemps. Pétrifiée par le gel de la nuit, la vieille neige a besoin de soleil pour reprendre vie.

Il faut être là pendant que ça passe. Et se rappeler que ça vaut pour toutes les vies à commencer par la nôtre.

Une de mes pentes préférées sur le golf.
 
J'étais seul dans l'immensité... d'un golf.

Les conditions étaient tellement bonnes que j'ai osé descendre la ligne de l'ancienne remontée.

Même la route non déneigée qui passe dans le coin était bonne à skier.
 

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